Chaque discipline du tir sportif possède ses difficultés et sa technique propres.
Il existe pourtant une démarche commune à toutes les spécialités notamment dans
la connaissance et le maniement de l'outil sportif.
Les notions fondamentales de sécurité sont naturellement assimilées avec l'acquisition
du vocabulaire spécifique et la démystification de l'arme.
Que vous soyez attiré
par le tir sportif de loisir ou de compétition, nous vous invitons à exercer
cette pratique en toute sécurité en appliquant quelques principes techniques
élémentaires.
Votre choix pourra se porter sur des armes de poing ou d'épaule, selon votre
propre sensibilité. A cet effet, et à travers l'exemple du tir de précision
à 10 mètres, nous vous proposons les premiers conseils techniques qui vous permettront
d'apprendre un bon geste.
Pour tirer et atteindre une cible avec précision à chaque coup, il convient
de coordonner les éléments techniques suivants, qui composent la séquence de
tir :
LA VISEE | LES ERREURS DE VISEE | CONCLUSION | LE MATERIEL |
C'est à partir des éléments de cette séquence que nous allons évoquer succinctement
la technique de base.
La position est la posture adoptée
pendant le tir pour optimiser les résultats.
Nous vous présentons à travers quelques schémas commentés, les fondamentaux
de la position debout :
Position au Pistolet
Position en carabine
De par leur morphologie, certains tireurs devront faire évoluer leur position,
et ce, en respectant les principes de simplicité, d'équilibre et de reproductibilité.
Au niveau de la respiration, chacun comprendra que le geste du tireur
s'accommode mal des " bougers " qu'elle peut engendrer.
Toutefois, instinctivement, celle-ci va se bloquer (par une apnée) lors de la
réalisation d'un geste précis.
La visée est l'action d'aligner
par rapport à son œil, les instruments de visée de l'arme et la cible. Un oeil
domine l'autre dans l'acte de vision. On l'appelle "œil directeur".
Les organes de l'arme permettant la visée sont la hausse située en arrière du
canon et le guidon placé à son extrémité avant.
La hausse comporte une planchette réglable en hauteur et en direction, équipée
soit d'un cran de mire (pistolet), soit d'un oeilleton (carabine).
Le guidon est à lame, de la forme du cran de mire (pistolet) ou circulaire,
à trou, logé dans un tunnel (carabine).
La visée avec cran de mire est dite ouverte, celle avec œilleton est dite fermée.
On appelle :
LIGNE DE MIRE : Droite allant du centre de la hausse au guidon.
LIGNE DE VISÉE : Droite théorique allant de l'oeil du tireur
au point visé en passant par les instruments de visée.
VISUEL : Partie centrale noire de certaines cibles.
VISER : Action qui consiste à faire correspondre la ligne de
mire et la ligne de visée, c'està-dire, aligner le visuel, les instruments de
visée et l'oeil, dans le but d'orienter l'arme pour que le projectile arrive
au centre de la cible.
L'ŒIL DIRECTEUR
Au niveau de la vision, un oeil domine l'autre : c'est l'oeil directeur. Pour
le connaître, voici deux méthodes :
• regardez la cible, les deux yeux ouverts, à travers un trou percé dans un
carton et fermez successivement un oeil puis l'autre. L'oeil appelé directeur
est celui qui vous permet de continuer à voir la cible à travers le trou du
carton.
• pointez un doigt, les deux yeux ouverts, sur une cible et fermez successivement
un oeil puis l'autre. L'oeil appelé directeur est celui qui laisse votre doigt
pointé sur la cible.
Il peut arriver qu'un droitier ait l'oeil gauche directeur et inversement.
A la question de savoir s'il faut accorder une priorité à cet oeil directeur
au détriment de la latéralisation du tireur, la réponse est non. En règle générale,
c'est à dire hors pathologie, un droitier visera avec l'oeil droit et un gaucher
avec l'oeil gauche.
Il est recommandé de tirer en ayant les deux yeux ouverts. Si cela présente
des difficultés, il est souhaitable de disposer un cache translucide devant
l'oeil qui ne vise pas ; de cette façon les deux yeux restent ouverts, sans
se fatiguer, en recevant, à peu de chose près, la même quan tité de lumière
et en ayant une bonne vision périphérique.
L'ACCOMMODATION
L'oeil humain possède de nombreuses facultés mais il ne sait pas voir simultanément
net de près et de loin. Pour s'en convaincre, il suffit de pointer le doigt
sur la cible et de voir avec netteté, d'abord le doigt, puis la cible et ensuite
essayer de voir net les deux à la fois. C'est impossible ! Puisqu'il faut, pour
viser, aligner plusieurs éléments situés à différentes distances, le tireur
devra faire un choix. Il s'efforcera de voir toujours le guidon net. Notons
que cette difficulté est moins importante pour le carabinier que pour le pistolier.
Il est impératif d'admettre la notion
selon laquelle on peut atteindre avec précision une cible aux contours flous
lorsqu'on voit des instruments de visée nets et alignés.
En effet un léger par rapport au visuel, de l'ensemble des instruments de visée
bien alignés entre eux, se traduira par un faible écart en cible. Par contre,
un alignement imprécis des instruments de visée se traduira par un écart très
important en cible. Il est donc nécessaire de voir les instruments de visée
nets afin de les aligner le mieux possible.
LA MARGE DE BLANC
Il serait à priori logique de viser le centre du visuel pour atteindre le 10
au pistolet ou d'utiliser un guidon qui cerne exactement l'image du visuel à
la carabine. Mais dans ce cas, les instruments de visée de l'arme, qui sont
noirs, se détacheraient mal sur le noir du visuel.
Au pistolet, il est donc préférable de régler son arme pour toucher plus haut
que le point visé et de voir se détacher parfaitement les instruments de visée
sur le fond blanc du carton. A la carabine, il faut choisir un guidon qui laisse
apparaître une bonne marge de blanc autour du visuel.
La marge de blanc est une référence de placement de la visée autour de laquelle
vous allez décrire de petits mouvements oscillants résultants du contrôle de
votre stabilité. Ces oscillations se réduiront avec l'entraînement.
Le lâcher est l'action qui engage
le départ du coup. C'est le moment essentiel du tir car un bon lâcher laisse
l'arme stable et bien orientée.
Le " lâcher " désigne l'action du doigt sur la queue de détente qui a pour but
de provoquer le départ du projectile.
C'est une phase déterminante de
la séquence de tir : un bon lâcher laisse l'arme stable au départ du coup ou
n'amplifie pas ses mouvements si elle bouge légèrement. Dans le cas contraire
on parle de " coup de doigt ".
Ce défaut, courant au stade de l'initiation, est très limitant dans la progression
du tireur. Sans un bon lâcher, on ne peut pas bien tirer.
POSITION DU DOIGT
SUR LA QUEUE DE DÉTENTE.
Le maîtrise de la pression exercée par l'index sur la queue de détente s'opère
par l'intermédiaire des sensations ressenties au niveau de la surface d'appui
de l'index.
La partie la plus sensible de l'index se situe au niveau de la pulpe de la dernière
phalange (ou phalangette). C'est cette partie qui doit être au contact de la
queue de détente.
La position de l'index peut varier légèrement en fonction du type d'arme utilisée
et surtout du poids de détente de l'arme.
CARACTÉRISTIQUES
D'UN BON LÂCHER
Le lâcher doit être volontaire, progressif et contrôlé.
Volontaire, car il est bien évident qu'il faut entreprendre une action de pression
sur la queue de détente.
Progressif, car le lâcher s'accommode mal " d'àcoups " qui risqueraient d'engendrer
un dépassement brutal de la pression limite à exercer avant le décrochage de
la gâchette et parallèlement un déplacement de l'arme ou un dépointage de l'arme.
Contrôlé, car il faut être capable à tout instant de relâcher légèrement la
pression ou de l'augmenter selon la situation.
C'est la prolongation, au delà du départ du coup, de toutes les actions qui
en sont à l'origine (position, visée, lâcher). Vu de l'extérieur, cela se traduit
par une persistance en position du tireur pendant deux à quatre secondes après
le départ du coup.
Tout doit en fait se passer comme si un deuxième projectile partait dans ce
laps de temps.
C'est l'analyse au moment précis du départ du coup, de la visée, du lâcher,
de la stabilité et du contrôle neuromusculaire.
Une bonne annonce est une annonce qui permet de répondre correctement aux questions
suivantes :
• comment étaient mes instruments de visée l'un par rapport à l'autre et par
rapport au visuel ?
• comment était mon lâcher ?
• comment était ma stabilité ?
Cette analyse bien conduite détermine la localisation du coup tiré.
Une balle annoncée dans la certitude que tout était parfait se dit " bien partie
" ce qui ne signifie pas que ce soit un dix si l'arme n'est pas encore réglée
à la vue du tireur. C'est à partir de ces balles annoncées " bien parties "
que s'effectue le réglage de l'arme.
On appelle " point moyen ", le milieu d'un ensemble d'impacts. Un point moyen
précis se fait au minimum sur trois impacts de balles annoncées " bien parties
".
Le principe est simple. On déplace la hausse dans le sens où l'on veut faire
porter son tir.
Les constructeurs ont prévu deux vis qui concernent, l'une le déplacement vertical,
l'autre le déplacement horizontal.
Avec quatre ou cinq clics (selon les constructeurs) vous déplacez votre tir
d'une zone. Le nombre de zones qui vous séparent du centre déterminera donc
le nombre de clics nécessaires pour régler votre arme.
Le réglage de la visée d'une arme n'est pas universel et s'effectue en fonction
de celui qui l'utilise.
Il importe de savoir également que le réglage de l'arme n'est jamais définitif
car il faut prendre en compte bien des facteurs : le stand, l'éclairage du pas
de tir et des cibles, le vent, etc.
Cependant, ces facteurs n'influent pas de façon importante sur le réglage :
en règle générale, quelques clics suffisent.
Elle consiste à décaler le guidon par rapport à la hausse. L'écart en cible sera important car égal à l'erreur angulaire multipliée par le rapport distance de tir/ligne de mire.
Une erreur angulaire de 1 millimètre du guidon pour un pistolet 10 mètres produit
un écart en cible de près de 4 centimètres !
L'erreur angulaire peut se produire parce que le tireur ne voit pas nettement
ses instruments de visée.
Erreur de visée parallèle
C'est lorsque le guidon et la hausse sont bien positionnés l'un par rapport
à l'autre mais décentrés par rapport au visuel.
Les conséquences d'une erreur de visée parallèle sont moins grandes que celles
d'une erreur de visée angulaire dont les effets sont multiplicateurs.
Votre progression sera d'autant plus aisée, qu'à vos débuts, en position assise,
bien calé, bien stable, vous aurez bien assimilé les principes de base de la
visée, du lâcher et du réglage de l'arme.
Ensuite lorsque vous tirerez en position debout, les acquis précédemment décrits
vous permettrons de pratiquer en toute sérénité vos disciplines de tir.
Au début vous allez peut-être disperser vos impacts en cible, puis vous ferez
de moins en moins d'écarts et ensuite vous améliorerez vos groupements.
Le tir est un sport ni plus ni moins difficile que d'autres, mais les tireurs
devront être exigeants et critiques sur la manière dont ils le pratiquent.
L'entraînement et rien d'autre révélera et affinera votre véritable potentiel
de tireur en appliquant en toute simplicité les quelques éléments techniques
que nous vous avons présentés.
En tir sportif, on appelle arme
tout matériel assurant la propulsion d'un ou plusieurs projectiles successifs.
Ces armes se classifient essentiellement en
• armes de poing : pistolets et revolvers,
• armes d'épaule : fusils, carabines et arbalètes.
• pour les armes plus anciennes, poudre noire à mèche, à silex et à percussion.
• pour les armes modernes, à gaz, à air comprimé ou pré-comprimé, à poudre en
percussion centrale ou en percussion annulaire.
Si vous souhaitez acquérir une arme, trois critères conditionneront votre choix
:
• l'utilisation que vous comptez en faire,
• votre goût,
• vos moyens financiers.
L'ordre proposé ci-dessus sera au gré de chacun.
S'il s'agit d'une arme pour le loisir, le seul conseil à donner est d'obtenir
le meilleur rapport qualité / prix avec un bon service après vente.
S'il s'agit de pratiquer une discipline pour faire de la compétition, les armes
appropriées sont très spécifiques. Renseignez-vous auprès de votre moniteur
ou des meilleurs tireurs de votreclub. Ils sauront vous conseiller utilement
car ils ont éprouvé plusieurs matériels avant de fixer eux-mêmes leur choix.
Vous constaterez que leurs recommandations se recoupent sur un nombre restreint
de types et de modèles d'armes. Dix personnes satisfaites d'un certain matériel
ne peuvent toutes se tromper en même temps.
Le reste du matériel de la panoplie du tireur sportif se résume essentiellement
à :
• un casque anti-bruit : prenez-le de qualité, votre ouie vous en sera reconnaissante.
• une paire de lunettes ou des montures de lunettes spécialement adaptées au
tir sportif.
• une lunette grossissante ou télescope afin de voir vos impacts en cible. Il
est important que ce télescope soit de bonne qualité afin de bien voir sans
fatiguer l'oeil.
• un petit kit de nettoyage (en général vendu avec l'arme).
Si vous souhaitez pratiquer la compétition, il vous faudra quelques autres accessoires
: chronomètre, pièces détachées de l'arme, etc.
Enfin, concernant la tenue vestimentaire, sachez qu'elle est soumise aux règlements
spécifiques de la discipline dans le cadre des compétitions.